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Pol, Poli, Politik, Politik’s

Une petite histoire destinée à mieux appréhender le propos politique.

Depuis la nuit des temps des âges farouches, il semblerait que les actions de tous les peuples soient généralement décidées par des individus. Prenez par exemple Rahan. Mon premier politik’BD Man. Le pauvre ! Il ne peut pas faire un pas dans la sournoise jungle qui s’étend à ses pieds (Il est, bien entendu, debout au sommet d’une falaise, le torse bombé, scrutant l’horizon), il ne peut pas disais-je, se balader pépère sans devoir surmonter les pires difficultés, les risques mortels, les pièges à la con des autres hommes ou des espèces supérieures telle que le Ptérodactyle nain des sous-bois torsadés.

Mais il s’en sort toujours !   Comment fait-il ?  C’est simple, il y a deux raisons à sa réussite. La première, évidemment, c’est qu’il est le Héros. Pour que son créateur mange, Rahan doit gagner. La seconde, c’est qu’il fait de la politique. Eh oui ! Réfléchissez. Il tombe dans un trou hérissé de pieux. Il n’est qu’égratigné (Je vous rappelle qu’il est le HHHEEEROS). Il est fait prisonnier par une meute de primitifs qui ne savent même pas frotter une allumette sur un grattoir. Il est ligoté au totem du village. Les enfants lui tirent la langue et les adultes lui tirent des flèches au curare pour s’entraîner. C’est pour de rire, alors ils tirent à coté. Tournez quelques pages et allez directement à l’image de fin : Il s’en va sans se retourner, sans peur, sans égratignure et sans ses bagages vers de nouvelles aventures. Derrière lui ; la meute de primitifs secoue des mouchoirs en peau de mammouth (ça fait plus d’usage, parce que c’est plus épais et avec les poils dessus, même quand le nez coule fort, ça éponge !). La meute est déjà moins primitive et lui est reconnaissante parce que forcément dans les pages précédentes « il a rien fait qu’à leur faire du bien ». Il leur a donné le feu pour les rassurer. Ils ont été surpris, certains ont même eu peur. Puis, il leur a expliqué ce qu’on pouvait en faire : La cuisson, la lumière, la défense du village . . . Ils se sont senti moins bêtes. Pas encore intelligents, juste moins bêtes, c’est déjà ça. Ensuite, il  a communiqué vraiment. Il leur a expliqué ses mots. Il leur a permis de lui poser des questions. Il a répondu en prenant soin de ne pas leur faire toucher du doigt l’immensité de leur lagune, pardon ! de leurs lacunes (c’est une coquille.… de noix bleue qui vogue au grè des mots). Enfin, il les a flattés en leur expliquant en douceur, que grâce à tout ce qu’il venait de leur donner, ils ne seraient bientôt plus des primitifs, mais des êtres évolués. Comme tous les évolués, ceux-ci ont alors élu un chef (en général le moins  nul de la bande et le plus fort à la fois) qui a décrété que Rahan etait vraiment un chic type et que, bien entendu, on n’allait pas faire cuire un chic type dans son genre. Alors on l’a libéré et il a pu recommencer son histoire un peu plus loin.

L’autre jour à la télé, un homme politique s’est fait prendre au piège d’une meute de journalistes. Evitant le sujet brûlant qu’ils évoquaient, il a annoncé sa candidature aux prochaines élections. Ils ont été surpris, certains ont même eu peur ! (rapport à son appartenance politique). Puis, il leur a expliqué ce qu’il comptait faire après son élection (puisqu’il est évident qu’il serait élu, sinon c’est pas du jeu !). Il leur a donné les grandes lignes de son projet pour les rassurer. Les journalistes se sont senti moins bêtes que cinq minutes auparavant. Ensuite, il  a communiqué. Il leur a expliqué son projet dans le détail. Il leur a permis de lui poser des questions. Il a répondu en prenant soin de ne pas leur faire toucher du doigt les incohérences inhérentes à son discours (je vous rappelle qu’il s’agit d’un homme politique actuel). Enfin, il les a flattés en leur expliquant en douceur, que, grâce à tout ce qu’il venait de leur confier, ils ne seraient bientôt plus de quelconques journalistes , mais des découvreurs de scoops détenant des informations qu’ils sauraient distiller à leurs contemporains. Comme tous les journalistes repus, ceux-ci ont alors décrété que Politik Man était vraiment un chic type et que bien entendu, on n’allait pas garder sur le grill un chic type dans son genre. Alors ils l’ont libéré et il a pu recommencer son baratin un peu plus loin.

Vous voyez, c’est pas compliqué.

Et dire que ça fait des siècles que ça dure (et sans égratignure) !

                            

Coralexis Laurion.

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© Dominique Vastra 2002