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GREVISSIME !

Une petite histoire destinée à prolonger notre esprit syndical
au-delà des infos de vingt heures.

Grévissime !


Le promeneur solitaire, le regard noyé dans l’horizon, touche du doigt l’infinie beauté de la solitude.
Le travailleur solitaire, le regard rivé sur son automate, touche du doigt . . . que dalle.
Toute l’année, il fait partie intégrante de la foule des actifs. Toute l’année il s’active. Aujourd’hui, la grève est là.
Noyé dans la foule qui déboule sur les avenues, il voudrait revendiquer son unicité. Il a soudain un drôle de sentiment.
Il se trouve curieusement dans la position du jaune d’oeuf esseulé au centre de la poêle, cerné par le blanc qui frémit autours de lui comme la colère qui gronde parfois au coeur de Paris. La grève est là ! Le RATPiste attendait ce jour là. Quel que soit le temps, quel que soit l’instant, il conduit son métro, son bus, il contrôle, verbalise ou poinçonne. Pour lui aussi, aujourd’hui la poésie est de sortie.
Il fait des rimes :
- Nous sommes en grève, c’est la faute à Balla.
- On fait la trêve et ma foi, on aime ça.

C’est également le cas pour le corps enseignant. Ce corps dont les ouïes souffrent de tous ces cris d’enfants, ce corps dont les neurones endurent les petits d’hommes, il faut qu’il se défende lorsque la coupe est pleine. C’est ce corps, en saignant qui se jette à son corps défendant, dans la tourmente revendicatrice. Il est comme tous les autres, hébété et serein à l’instant de marcher ses premiers pas de grève. Et qu’elle soit restreinte, illimitée, partielle, la grève aura toujours les mêmes effets calmants sur ce corps enseignant.

Arrêtons les exemples. La grève est la maîtresse commune mais occasionnelle de tous ceux qui travaillent. Privé, public, quel que soit le secteur, lorsqu’il y a coupure, c’est comme à la maison, il reste la bougie. La maîtresse, la bougie, un parfum de liberté Comment résister ! D’autant qu’elle est active et donne des résultats .



Coralexis Laurion.

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© Dominique Vastra 2002